MAROC : MANIFESTATION CONTRE LA MONARCHIE

Une révolte populaire sans précédent

Depuis octobre 2023, des vagues massives de manifestations secouent le Maroc. Elles touchent Casablanca, Rabat, Fès, Tanger, Agadir et d’autres grandes villes. Portées par le Front marocain de soutien à la Palestine, ces mobilisations dénoncent la normalisation avec Israël, jugée honteuse et illégitime par une majorité croissante de citoyens.

Les slogans sont explicites : « La normalisation est une trahison », « Israël assassin, le Maroc complice ». De plus, les manifestants brandissent des drapeaux palestiniens et exigent la rupture immédiate des relations diplomatiques et militaires avec l’État hébreu. Un sondage Arab Barometer indique que plus de 75 % des Marocains rejettent cette politique. Ce chiffre ne cesse de grimper depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.

Ainsi, la rue exprime une fracture majeure avec le régime monarchique, accusé d’agir contre la volonté populaire. L’écart entre la base sociale et le pouvoir central devient de plus en plus manifeste.

Universités, étudiants, professeurs : la contestation s’intellectualise

En parallèle des manifestations dans la rue, les universités marocaines deviennent un foyer actif de résistance citoyenne et morale. À l’université Mohammed VI de Benguérir, plus de 1 300 signataires ont exigé l’arrêt des partenariats avec plusieurs institutions israéliennes, accusées de collaborer directement avec l’armée israélienne.

Cette pression a conduit à l’annulation de plusieurs cérémonies de remises de diplômes, tandis que des slogans pro-palestiniens apparaissent de plus en plus sur les campus. De nombreux enseignants et étudiants estiment que le régime gouverne dans un isolement total, coupé des valeurs et des préoccupations du peuple.

Ainsi, la jeunesse étudiante, longtemps silencieuse ou marginalisée, semble aujourd’hui en première ligne du combat contre la dérive monarchique. Le rejet de la normalisation devient une prise de position politique, éthique et générationnelle.

Le roi Mohammed VI face à une rupture historique

La normalisation avec Israël, officialisée en 2020, n’a été précédée ni d’un débat public ni d’un vote parlementaire. Cette décision, imposée par le palais royal, marque une rupture évidente avec les aspirations populaires. Pour le politologue Aboubakr Jamai, il s’agit d’un « fossé historique » entre le roi et son peuple.

Parallèlement, la répression s’intensifie contre ceux qui osent critiquer la ligne du régime ou dénoncer la proximité avec Israël. Des journalistes, blogueurs, activistes et citoyens ordinaires sont poursuivis pour des motifs flous, souvent liés à la « diffamation » ou à l’« atteinte à la sûreté de l’État ».

Conséquence directe : la liberté de la presse et d’expression est aujourd’hui gravement menacée au Maroc. Malgré les discours officiels rassurants, le climat de peur et d’autocensure s’étend, en particulier dans les médias indépendants.

La brigade Golani sur le sol marocain : une ligne rouge franchie

En mai 2025, l’indignation populaire atteint un sommet. La brigade Golani, unité israélienne d’élite tristement célèbre pour son rôle dans la guerre à Gaza, participe aux manœuvres militaires « African Lion » sur le sol marocain. Des vidéos montrent des soldats marocains et israéliens s’entraînant ensemble dans des tunnels simulant les combats à Gaza.

Pour une grande partie de la population, cette coopération est un scandale. Elle représente une provocation morale, une humiliation symbolique, et une trahison politique. Cette alliance militaire survient alors que Gaza continue de subir des bombardements. Elle choque d’autant plus qu’elle intervient sous couvert d’exercices conjoints avec les États-Unis et d’autres armées.

Vers une rupture politique ?

D’un côté, une monarchie jugée de plus en plus déconnectée, rigide, et tournée vers des alliances internationales rejetées. De l’autre, un peuple uni, mobilisé, et déterminé à défendre ses convictions. Ce n’est plus simplement une question de politique étrangère. C’est une crise d’identité, de légitimité et de confiance.

Les Marocains ne réclament pas seulement la fin de la normalisation. Ils exigent aujourd’hui une réforme politique profonde, un respect réel de leur souveraineté, et une rupture avec les logiques autoritaires. Le Maroc se trouve à la croisée des chemins. Soit le pouvoir écoute enfin la voix du peuple. Soit il s’expose à une rupture historique irréversible.

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