Polémique autour de la présence de soldats israéliens au Maroc
L’édition 2025 de l’exercice militaire multinational African Lion, organisé chaque année sous l’égide des États-Unis en partenariat avec le Maroc, a suscité une vive controverse dans le royaume cette année. Au cœur du débat : la présence annoncée de soldats israéliens, notamment des membres de la brigade Golani, une unité d’élite de l’armée israélienne, réputée pour ses opérations en milieu urbain, mais également accusée de violations graves du droit international humanitaire.

La brigade Golani : un passé lourd et controversé
La présence de soldats israéliens aurait pu passer relativement inaperçue si elle ne concernait pas spécifiquement la brigade Golani, tristement célèbre dans le monde arabe et au-delà pour son implication dans plusieurs opérations militaires meurtrières à Gaza et en Cisjordanie.
Des ONG internationales, dont Human Rights Watch et Amnesty International, ont documenté des exécutions extrajudiciaires, des attaques contre des civils et du personnel médical, ainsi que la destruction ciblée d’infrastructures humanitaires lors des conflits les plus récents, notamment en 2014, 2021 et, plus récemment, lors des événements de 2023-2024 à Gaza.
Dans ce contexte, voir cette unité entraîner des éléments des Forces Armées Royales marocaines (FAR) soulève des interrogations morales, politiques et stratégiques.

Une décision géopolitique difficile à défendre
Pour le gouvernement marocain, engagé dans une stratégie de collaboration et de montée en puissance militaire, cette coopération avec Israël s’inscrit dans une logique de partenariat. Mais cette posture fragilise sa légitimité interne, en particulier dans un contexte où la guerre à Gaza a choqué les consciences dans le monde arabe, y compris au Maroc.
Certains analystes estiment que Rabat sous-estime le coût politique interne de ce rapprochement avec Israël, surtout quand il prend des formes aussi sensibles que des formations militaires conjointes avec une unité accusée de crimes de guerre.
Une fracture entre l’État et le peuple ?
Ce nouvel épisode souligne une fracture croissante entre la diplomatie marocaine post-normalisation, tournée vers les intérêts stratégiques, et la conscience populaire, qui reste viscéralement attachée à la cause palestinienne. Si le royaume souhaite maintenir une image de puissance montante et d’allié stratégique des grandes puissances, il devra aussi gérer avec prudence une opinion publique de plus en plus critique, qui ne se satisfait plus d’une solidarité verbale envers les Palestiniens.