Entre junte militaire, effondrement économique et isolement international
Depuis le coup d’État militaire de 2020, suivi d’un second en 2021, le Mali s’enfonce dans une crise multidimensionnelle mêlant autoritarisme militaire, détérioration économique, exactions contre les minorités, et isolement diplomatique croissant. La junte au pouvoir, dirigée par le colonel Assimi Goïta, peine à maintenir la stabilité malgré les promesses initiales de sécurité et de souveraineté.

La junte au pouvoir : autorité contestée et promesses non tenues
La prise du pouvoir par la junte militaire a été initialement saluée par une partie de la population, lassée par des années d’insécurité et de corruption. Cependant, la gouvernance autoritaire qui s’est installée depuis a largement déçu les attentes. Les élections démocratiques promises ont été repoussées à plusieurs reprises, alimentant les critiques internes et internationales.
Sous couvert de restauration de la souveraineté nationale, le régime s’est progressivement coupé de plusieurs partenaires traditionnels, notamment l’Algérie, l’Union Africaine et les forces de l’ONU. Cette rupture a laissé un vide sécuritaire dans plusieurs régions du pays, malgré l’appui temporaire de la société militaire privée russe Wagner.
Départ de Wagner : un nouveau vide sécuritaire
Le retrait progressif de Wagner du Mali, amorcé fin 2024, marque un tournant dans la politique sécuritaire du régime. Officiellement motivé par des « ajustements stratégiques », ce départ serait en réalité lié à des désaccords sur les paiements, des pertes humaines importantes, et une diminution de l’influence russe dans la région. Ce retrait laisse le Mali encore plus vulnérable face à la résurgence des groupes djihadistes dans le nord et le centre du pays.

Un isolement international aggravé : la Turquie coupe les livraisons d’armement
L’impayé croissant du Mali vis-à-vis de ses fournisseurs militaires étrangers a provoqué de nouvelles ruptures diplomatiques. La Turquie, qui avait fourni au Mali des drones de combat Bayraktar TB2 et même un Akinci, a décidé début 2025 de suspendre toute livraison d’équipement militaire en raison de factures impayées.
La situation a été aggravée par un épisode particulièrement humiliant pour Bamako : la destruction en mars 2025 d’un drone Akinci par la défense aérienne algérienne, qui aurait été provoquée par une incursion non autorisée dans l’espace aérien algérien. Cet incident diplomatique a tendu davantage les relations avec l’Algérie et mis en lumière la fragilité du dispositif militaire malien.
Exactions contre les minorités : impunité et silence d’État
Les forces armées maliennes, parfois appuyées par des paramilitaires étrangers, sont accusées de nombreuses exactions contre les populations civiles, notamment dans les régions de Mopti et du Gourma. Des rapports d’ONG font état de massacres, d’arrestations arbitraires et de disparitions ciblant principalement les minorités ethniques peules et touarègues, soupçonnées de collusion avec les groupes armés.
Le gouvernement dément systématiquement ces accusations, dénonçant des « campagnes de déstabilisation », mais refuse toute enquête internationale. Cette impunité alimente un cycle de haine et de vengeance qui menace la cohésion nationale.
La crise au mali est politique, sécuritaire, économique, sociale est sans issue claire. Le retrait des alliés, la mauvaise gouvernance de la junte, les tensions régionales, et l’isolement croissant du pays plongent les Maliens dans une situation dramatique. Sans un sursaut diplomatique et une transition démocratique crédible, le pays risque de s’enliser durablement dans le chaos.