SIEGE DE BAMAKO LA DEBACLE MALIENNE

Du coup d’État à la débâcle

Cinq ans après le coup d’État du colonel Assimi Goïta, le Mali s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos. Le régime militaire, arrivé au pouvoir au nom de la souveraineté nationale, perd désormais le contrôle du pays. Les promesses d’un Mali fort et indépendant se sont rapidement effondrées. En effet, l’État se retrouve isolé, divisé et affaibli, tandis que la population perd confiance.

Après avoir rompu avec ses anciens alliés occidentaux, la junte s’est tournée vers la Russie et la Turquie. Cependant, ces nouveaux partenaires ont vite pris leurs distances. Le crash d’un drone turc Akinci dans l’espace aérien algérien a provoqué un incident diplomatique majeur. Ankara et Moscou ont alors réduit leur soutien militaire, laissant Bamako sans appui réel. Depuis, l’armée malienne, rongée par la corruption et mal organisée, subit revers sur revers. Pourtant, la propagande d’État continue d’annoncer des victoires imaginaires. Le fossé entre le discours officiel et la réalité du terrain ne cesse de s’élargir.

Une situation fragile

Au nord, la situation s’est encore aggravée. Après la rupture des Accords de paix d’Alger, les groupes touaregs ont repris les armes. Ces accords, garants d’un équilibre fragile, avaient permis d’éviter une nouvelle guerre. En les déchirant, Goïta a relancé les hostilités. Les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP) ont rapidement repris pied dans la région. Ils ont exploité le vide sécuritaire laissé par le départ de la MINUSMA et la faiblesse de l’armée malienne. Ainsi, Kidal, Tombouctou et Gao échappent désormais partiellement à l’autorité de Bamako. Les drapeaux de l’Azawad flottent à nouveau, tandis que les forces gouvernementales reculent ou abandonnent leurs positions.

Plus au sud, la situation devient dramatique. Les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda, regroupés sous le nom de JNIM, contrôlent désormais de larges zones. Ils y imposent leurs lois, leurs taxes et leurs tribunaux. Depuis plusieurs semaines, ils encerclent la capitale. Bamako est désormais sous blocus. Les routes d’approvisionnement sont coupées, les ponts piégés, et tout convoi militaire ou civil est détruit. Le carburant n’arrive plus. Les stations-service sont à sec, les transports paralysés, et l’économie s’arrête. L’armée, immobilisée, ne peut ni attaquer ni se défendre. Les FAMa se replient sur leurs bases, incapables de manœuvrer. Dans la capitale, les commerces ferment, les prix flambent, et la population vit dans la peur. Chaque jour, les habitants redoutent une offensive majeure.

La chute du régime

Sur le plan politique, le régime vacille. L’opposition s’organise discrètement tandis que d’anciens alliés prennent leurs distances. Des discussions auraient déjà commencé entre groupes islamistes, rebelles touaregs et figures de l’opposition pour préparer l’après-Goïta. Beaucoup jugent le régime condamné. Même au sein de la junte, la désillusion est profonde. Le colonel Goïta, bardé de décorations symboliques, incarne désormais un pouvoir sans victoire réelle. Son entourage, replié sur lui-même, refuse de reconnaître l’échec. Pourtant, la chute paraît inévitable. L’armée recule, les soutiens étrangers se retirent, et le pays s’enfonce dans la crise. Les proclamations de victoire diffusées par la télévision nationale ne trompent plus personne. La réalité est implacable : Bamako est encerclée, l’économie est paralysée, et le peuple est abandonné.

Ainsi, dix ans après la crise de 2012, l’histoire semble se répéter. Le Mali est à nouveau au bord de l’effondrement. Un pouvoir militaire déconnecté, un pays fracturé et un peuple épuisé font face à la même tragédie : celle d’un État qui s’écroule sous le poids de ses erreurs, de son isolement et de son aveuglement.

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