17 OCTOBRE : LES ALGERIENS DE FRANCE

17 octobre 1961 : une mémoire encore ouverte, une blessure franco-algérienne

Soixante-quatre ans après les événements du 17 octobre 1961, la mémoire de cette nuit tragique reste une plaie ouverte. En effet, cette histoire douloureuse lie encore la France et l’Algérie. Ce soir-là, des milliers d’Algériens, hommes et femmes, répondirent à l’appel pacifique du Front de libération nationale (FLN). Ainsi, ils bravèrent le couvre-feu imposé par le préfet de police Maurice Papon, ancien collaborateur du régime de Vichy. Leur seul crime était de réclamer égalité, dignité.

Maurice Papon collabora activement avec le régime de Vichy et organisa la déportation de milliers de Juifs vers les camps nazis. Après la Libération, il rejoignit l’administration française et occupait de hauts postes sous de Gaulle, montrant ainsi la continuité inquiétante d’une élite administrative issue de la collaboration. Ainsi, il ordonna la répression du 17 octobre 1961 à Paris, entraînant arrestations massives, violences et noyades de manifestants algériens.

En conséquence, Papon finit par être jugé pour sa participation à la déportation de Juifs. En 1998, la justice le condamna à 10 ans de réclusion criminelle pour crimes contre l’humanité, marquant enfin une reconnaissance partielle de sa responsabilité. Cependant, cette condamnation intervint seulement après des décennies d’impunité et de silence officiel, soulignant la lenteur à affronter le passé.

De plus, son parcours illustre la persistance du racisme et de la domination dans certaines sphères politiques et administratives françaises.

Une répression d’une rare brutalité

La réponse des forces de l’ordre fut d’une violence inouïe. Dans Paris et sa banlieue, les manifestants sont traqués et matraqués. De plus, ils furent arrêtés par milliers. Plusieurs centaines furent abattus ou noyés dans la Seine. Leurs corps furent rejetés sur les berges dans les jours suivants. Ainsi, le pont Saint-Michel, le quai de la Tournelle et la place de la Concorde gardent encore la mémoire silencieuse de ces crimes.

Ce massacre, longtemps étouffé, constitue l’un des épisodes les plus sombres de la guerre d’Algérie sur le sol français. Pourtant, pendant des décennies, les autorités gardèrent le silence. Les victimes furent effacées de l’histoire officielle.

Des ouvriers, des patriotes, des résistants

Ces Algériens de France n’étaient pas tous de simples travailleurs immigrés. En réalité, beaucoup participaient activement à la Révolution algérienne. À travers l’« impôt révolutionnaire » qu’ils versaient au FLN, mais aussi par des actions de renseignement, de sabotage et de logistique, ils soutenaient la lutte.

Derrière eux se trouvait une organisation redoutable : le MALG, le Ministère de l’Armement et des Liaisons générales, dirigé par Abdelhafid Boussouf. Ses agents et relais opéraient discrètement en France. Ainsi, ils assuraient la liaison entre militants et collectaient fonds et informations stratégiques pour soutenir la guerre d’indépendance.

Ces hommes et femmes, souvent déracinés et discriminés, portèrent haut le flambeau de la liberté algérienne. Beaucoup y laissèrent leur vie, dans l’anonymat.

Une reconnaissance encore inachevée

Ce n’est qu’à partir des années 1990 que la parole commença à se libérer. Des historiens, journalistes et militants exhumèrent les faits et brisèrent le silence. De fait, ils redonnèrent des noms aux disparus. En 2012, un président français, François Hollande, reconnut publiquement la « répression sanglante » du 17 octobre 1961.

Cependant, cette reconnaissance reste partielle. En réalité, aucune excuse officielle, aucune réparation et aucune sanction envers les responsables encore vivants n’a jamais été prononcée. Pour beaucoup, une reconnaissance pleine et entière constituerait un premier pas vers une vraie réconciliation. Elle passerait non seulement par des mots, mais aussi par des actes.

Ces Algériens de France, travailleurs et combattants, ont participé à l’histoire de la libération de leur pays. Leur sacrifice et leur courage méritent d’être honorés. Aujourd’hui encore, au bord de la Seine, l’eau charrie le souvenir de ceux qu’on a voulu faire disparaître. Ainsi, tant que la justice ne sera pas dite, le fleuve continuera de murmurer leurs noms.

Les autorités françaises ont toujours refusé de traduire les responsables de torture et d’exécutions extrajudiciaires devant les tribunaux. Ainsi, de véritables criminels de guerre en puissance ont échappé à la justice des hommes. Certains, connus du grand public, comme Jean-Marie Le Pen ou Paul Aussaresses, ont même bénéficié de l’impunité totale. En conséquence, cette inertie a laissé une blessure durable dans la mémoire collective et fragilisé la confiance dans la justice.

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